Au tournant des années 2000, Moussa Dabo, dit «Papou», membre du collectif Mafia K’1 Fry, lance sa marque de vêtements. Entre origines africaines et rap val-de-marnais, elle est devenue l’un des emblèmes de la culture hip-hop française. Après quelques années dans l’ombre, African Armure a repris du service sur Internet.
Rarement valorisées dans l’histoire de la mode française, les marques de streetwear ont pourtant permis à une génération d’autodidactes issus des quartiers de contribuer à l’essor d’une esthétique hip-hop sur les podiums, à la télévision et dans les magazines. Moussa Dabo, dit «Papou», fait partie de ces pionniers. Tout commence en 1998. Dans un studio d’enregistrement surpeuplé, Kery James entre en cabine. Le rappeur d’Ideal J glisse dans l’intro d’une chanson, qui figurera l’année suivante dans la compilation de rap Première classe : «J’ai endossé l’africaine armure.» L’image fait des ricochets contre les parois du cerveau en ébullition de Papou, 24 ans à l’époque. «J’ai eu un déclic. Je lève la tête et je me dis : “On va l’endosser littéralement.”»
par Balla Fofana
Photo Edouard Caupeil

